jeudi 27 février 2014

Les semelles de vent



Le département de Conservation (Department Of Conservation - DOC) est l'organisme gouvernemental Néo-Zélandais chargé d'entretenir et développer le réseau des sentiers et des refuges, voire tout le milieu naturel Néo-Zélandais. Il mène de front plusieurs politiques de réintroduction d'espèces en danger (Kiwi) ou d'éradication de nuisibles (Rat) tout en informant le public ou en impliquant les écoliers dans les protocoles. 

Il a toutefois un discours ambigu quant à la place du tourisme et notamment l'impact environnemental de certaines activités lucratives comme l'exploitation des norias d'hélicoptères ou d'avions pour emporter les touristes sur les sites ou même la multitude de compagnies de bateaux et de bus qui sillonnent sans cesse un milieu très fragile...l'ambiguité réside pour moi dans un double discours qui bride les randonneurs et semble très laxiste avec les businessmen!

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mercredi 19 février 2014

7ème album

Île de Rangitoto, baie d'Auckland - 06/02/2014

Parc Tongariro - 08/02/2014

Rivière Tongariro, Turangi (Mecque de la pêche à la mouche) - 11/02/2014  

Gare de Wellington - 12/02/2014

Malbourough Sounds, île du sud - 12/02/2014

Port de Nelson - 13/02/2014

Lac Rotoiti, Parc Nelson Lakes - 14/02/2014

Refuge Lakehead, parc Nelson Lakes - 14/02/2014

Cirque Travers, Parc Nelson lakes - 15/02/2014

Vue depuis le Pic Angelus (2 075 m) - 15/02/2014

Refuge Angelus, Parc Nelson lakes - 16/02/2014
 
Vue depuis l'arête Robert Ridge, Parc Nelson lakes - 16/02/2014

A la recherche de l'anneau...

Refuge Kea (1ère base dans la région: 1934), Parc Nelson lakes - 16/02/2014

Lac Rotoiti, Parc Nelson lakes - 16/02/2014

mardi 18 février 2014

Simple mais beau


Ces deux là, Saint-Christophe et Eole, quand ils sont réunis ne peuvent s'empêcher de se chamailler. Pas un pour rattraper l'autre.

Savez-vous, Eole a pris sa revanche sur la bataille homérique d'il y a trois mois et demi au coeur de la Manche.
En effet, il y a une semaine, à peine débarqué de mon Auckland bien organisé, je tente une incursion dans un camping du parc Tongariro pour prendre un peu de repos (encore?) aux pieds de deux volcans nommés Ruapehu et Ngahuruhoe avant trois jours qui s'annoncent très actifs consacrés à l'ascension du premier et au contour du second.

Première et unique journée: Après une nuit sous les orages et la pluie (ma tente est étanche, visiblement) j'abandonne, le matin venu l'idée de gravir le Ruapehu pour cause de plafond si bas. Je décide toutefois de braver les éléments et de marcher vers des lacs à proximité mais je rebrousse chemin au bout de deux heures, mes pauvres joues fouettées par des gouttes de pluie glacée nonobstant une barbe épaisse gagnée au prix d'efforts chaque jour renouvelés pour ne pas atteindre à l'intégrité d'une pilosité si virile, atout des baroudeurs les plus aguerris. 

Et la météo annonce un temps encore pire le lendemain avec un épisode venteux en altitude qui ruinera mes projets dans la région. Point de lacs d'altitude turquoise et émeraude, point de chemin dans des paysages lunaires sous un soleil ardent de Sahara. 

Pourtant, quelques jours plus tard, encore un coup de théâtre du ciel ce vendredi à Nelson au nord de l'île du sud. Une jolie ville de bord de mer qui semble bénéficier d'un tout aussi joli anticyclone.
Après une heure de route, me voici arrivé à St Arnaud, une station balnéaire au bord d'un magnifique lac en forme de Y, préambule à un séjour de trois jours dans le parc dit (paradis) des lacs de Nelson.

D'abord, une courte marche sous les arbres coincés entre la berge du lac et la montagne creusée de profonds sillons verticaux, ultimes témoignages d'anciens glaciers. Puis l'arrivée au refuge Lakehead, perdu à la lisière de l'ancien lit d'une rivière aujourd'hui réduite à la portion congrue. Enfin quelques pas pour rejoindre un autre refuge face au lac et c'est à ce moment précis que je me rends compte de la clarté cristalline de l'eau. Du ponton, je vois même passer une anguille indolente, dansant au rythme du clapotis.

Le lendemain, après une nuit accompagné de deux allemands et une française faisant la traversée de la Nouvelle-Zélande du nord au sud en marchant (cinq mois!), de deux chasseurs de cerf et d'un couple d'australiens ombrageux, je pars donc au point du jour nuageux en évoluant doucement dans les pentes d'une forêt dense et humide vers un cirque magnifique tailladé d'éboulis. Puis c'est l'arrivée, sous un soleil radieux sur un plateau creusé de deux lacs bleus. 

Déjà, le pic Angelus me fait de l'oeil. Je gobe un sandwich, bois quelques gorgées d'eau et file à l'assaut de ce géant (2 075 m, tout est relatif) en cherchant mon chemin parmi les sentiers furtifs et les cairns.
Quel ravissement! Un panorama cinémascope à 360° sur les environs immédiats et une ligne d'horizon en dents de scie…

Je reviens sur mes pas au soleil couchant après une chute qui me vaudra un joli bleu et quelques coutures en moins à mon pantalon et je me jette dans le lac malgré les 14° au jugé. 

Le jour suivant, un indescriptible bien-être m'envahit à la traversée d'une crête longue de 15 km qui me conduira, en équilibre entre deux vallées et au-dessus des nuages au terme de ce voyage si simple mais si beau.

lundi 10 février 2014

Une grenouille en babouches au pays du long nuage blanc

Lorsque d'un pas incertain dû à la fatigue du voyage, une grenouille foule le sol Néo-Zélandais, elle franchit le seuil d'un monde nouveau. Le douanier qui l'aide à passer cette porte dans le temps et l'espace vérifie même la semelle de ses babouches et l'éventuelle présence de terre rare ou de semences diverses venues de contrées lointaines et qui menaceraient l'équilibre de cette planète fragile en propageant la peste ou le géranium.

Déjà dans l'avion, notre batracien a bien ri en prenant connaissances des consignes de sécurité. Il a suivi avec attention une vidéo représentant des hobbits, des elfes, des nains etc. installés dans un avion et riant gaiement (comment pourrait-il en être autrement) aux doux discours d'une hôtesse aux oreilles profilées:


Une autre planète assurément tant l'hospitalité et l'amabilité de ses habitants vous fait sincèrement croire à une nouvelle amitié au détours de chaque magasin ou guichet. Les indigènes de cette mystérieuse contrée vous demandent comment vous allez! Ils sourient et agrémentent même leur paroles de dodelinements affectueux et appuyés...Puis ils s'enquièrent de vos besoins même s'il s'agit d'un pauvre petit timbre.

La grenouille, toujours aussi incertaine pense qu'il y a quelques décennies, les habitants de cette île se sont tous réunis en assemblée. Ils ont parlé de leur vision de ce futur pays antipodique et sont tous tombés d'accord pour tenter une expérience mystique. Ils voulaient faire de leur pays un exemple, une terre privilégiée. Alors il flotte ici une ambiance détendue, une atmosphère de franche camaraderie où chacun semble prendre soin de son prochain.


La contrepartie, est une obéissance aveugle et disciplinée aux lois et règlements sûrement édictés au cours de ladite assemblée. Mettre sa ceinture de sécurité revêt un caractère sacré tout comme le tri de ses déchets pour lequel non moins d'une dizaine de poubelles est à disposition dont 3 pour les bouteilles en verre!

Le tapis volant de notre amphibien ne lui a pas permis pour l'instant d'atteindre l'île du sud, réputée magique. Mais il a déjà exploré une île volcanique dans la baie d'Auckland où de somptueuses couleurs lui sont apparues: un ciel si gris virant au bleu royal, une terre noire, les verts des arbres, ceux-ci ayant poussé directement sur la roche de lave refroidie, une mangrove posée sur une eau vert-de-gris et un même un phare blanc conique zébré de rouge.

jeudi 6 février 2014

6ème album

Lac de Quilotoa - 21/01/2014


Volcan Tungurahua dominant la ville de Baños - 24/01/2014


Ligne d'Alausi à Nariz del diablo - 26/01/2014


Manoeuvre du train - 26/01/2014


Train dans les rues d'Alausi - 26/01/2014

Jour de marché à Alausi - 26/01/2014

Petit âne, lagune de Colta - 27/01/2014


En chemin vers le Guagua Pichincha - 28/01/2014


Guagua Pichincha - 28/01/2014


Guagua Pichincha après une nuit de neige - 29/01/2014


mardi 4 février 2014

La jeune fille et le condor

Il y a fort longtemps, Suyay, jeune bergère, arpentait les coteaux de sa montagne et rêvait du grand amour à l'ombre des eucalyptus. Elle faisait paître son troupeau de brebis dans les pâturages de son enfance, précisément là où son père l'emmenait quand lui-même était le berger du village.

Suyay se sent triste et lasse. La lumière qui l'entoure l'invite à la mélancolie malgré le soleil qui envahit la vallée en contrebas. Suyay aimerait être amoureuse mais ne sait où chercher. Tout ce qui l'entoure n'est qu'animaux ou plantes et elle désespère souvent de rencontrer ici l'amour, ce vibrant appel du coeur qui embrase votre âme comme parfois la forêt en été. Elle le sait, un simple souffle suffirait à emporter son coeur si sec.

Un matin, une ombre se détache sur le sol. Le condor qui parcourt ce ciel depuis quelques années remarque soudain la silhouette gracile de la jeune fille, étendue sous un arbre de cette colline familière. Il s'approche discrètement pour observer l'objet de sa curiosité et tombe immédiatement amoureux de Suyay

Pourtant, pour pouvoir la séduire, il doit trouver un habit afin de tromper la vigilance de la jeune fille et paraître tel un jeune homme. Le condor survole ainsi le village de Suyay à la recherche d'un vêtement d'homme qu'il trouve rapidement. Il vole le poncho en laine rouge d'un villageois l'ayant laissé sécher sur une pierre et retourne d'un battement d'aile survoler les coteaux de sa belle.

D'un pas très doux, le condor approche Suyay qui voit un jeune homme, vêtu d'un joli poncho rouge lui sourire. D'abord timide et farouche, Suyay finalement s'ouvre et se confie. Elle, raconte sa solitude et la difficulté de son travail. Lui, explique les avantages de pouvoir voler et propose de l'aider dans sa tâche en l'invitant à monter sur son dos, elle pourra ainsi mieux guider ses brebis.

Suyay accepte l'invitation de ce jeune homme aux pouvoirs si extraordinaires qui la transportent littéralement au-dessus de cette terre. Elle s'habitue à le retrouver chaque jour et ira même se protéger dans l'abri du condor lorsque celui-ci l'invitera à partager son refuge le temps d'un orage. 

Un jour de brise, le condor emporte Suyay au dessus du lac de Quilotoa aux couleurs turquoise et vert-de-gris, entouré des flancs d'un cratère de volcan dont les contes ancestraux racontent l'effondrement il y a fort longtemps. Le condor, saisissant l'occasion d'un si joli moment, demande la main de Suyay et celle-ci accepte.

L'amour grandit et Suyay ne revient plus au village. Sa vie est désormais là-haut, entre les pâturages et le nid haut perché qu'elle partage avec celui qu'elle apprend chaque jour à découvrir mais qui par peur de la voir comprendre la supercherie, va la mener petit à petit à l'isolement et même l'empêcher de s'occuper de son troupeau, seul lien encore vivace avec sa famille.

Le père de Suyay voit d'un très mauvais oeil cette union et ses répercussions sur la vie de sa famille. Il décide d'agir très rapidement et envoie un colibri afin qu'il délivre un message à Suyay. Ce colibri part à la recherche du nid de ce condor avec l'intention de dire les quelques mots inquiets mais fermes, de la part de la famille de Suyay. Après quelques recherches infructueuses, le colibri découvre enfin le lieu et profite d'un moment d'absence du condor pour confier à Suyay les sentiments de sa famille et surtout lui révéler la véritable nature de son amant: un oiseau.

Suyay, effrayée et abasourdie descend immédiatement de la montagne pour retrouver sa famille. Mais le condor va très vite sentir qu'une chose terrible se prépare et revient au nid sans toutefois trouver Suyay. Il revêt de nouveau l'habit de jeune homme et part à la recherche de Suyay. Il se dirige vers la maison de ses parents et souhaite leur parler pour plaider sa bonne volonté et l'amour inconditionnel qu'il porte à leur fille.

Ainsi donc, un condor vêtu d'un joli poncho de laine rouge se présentera à la porte de la maison familiale et sera accueilli de manière courtoise. On le fera asseoir sur un tonneau qui semblera être un siège pour qu'il patiente en attendant la rencontre. Mais le semblant de couvercle de ce tonneau ne sera en fait qu'un linge qui cache un fond empli d'eau bouillante dans lequel le condor va tomber. Il mourra en quelques secondes.


Conte populaire andin ayant pour thème les amours impossibles, les mésalliances et la question des racines. 
Source: La littérature Orale Quechua - César Itier