mardi 18 février 2014

Simple mais beau


Ces deux là, Saint-Christophe et Eole, quand ils sont réunis ne peuvent s'empêcher de se chamailler. Pas un pour rattraper l'autre.

Savez-vous, Eole a pris sa revanche sur la bataille homérique d'il y a trois mois et demi au coeur de la Manche.
En effet, il y a une semaine, à peine débarqué de mon Auckland bien organisé, je tente une incursion dans un camping du parc Tongariro pour prendre un peu de repos (encore?) aux pieds de deux volcans nommés Ruapehu et Ngahuruhoe avant trois jours qui s'annoncent très actifs consacrés à l'ascension du premier et au contour du second.

Première et unique journée: Après une nuit sous les orages et la pluie (ma tente est étanche, visiblement) j'abandonne, le matin venu l'idée de gravir le Ruapehu pour cause de plafond si bas. Je décide toutefois de braver les éléments et de marcher vers des lacs à proximité mais je rebrousse chemin au bout de deux heures, mes pauvres joues fouettées par des gouttes de pluie glacée nonobstant une barbe épaisse gagnée au prix d'efforts chaque jour renouvelés pour ne pas atteindre à l'intégrité d'une pilosité si virile, atout des baroudeurs les plus aguerris. 

Et la météo annonce un temps encore pire le lendemain avec un épisode venteux en altitude qui ruinera mes projets dans la région. Point de lacs d'altitude turquoise et émeraude, point de chemin dans des paysages lunaires sous un soleil ardent de Sahara. 

Pourtant, quelques jours plus tard, encore un coup de théâtre du ciel ce vendredi à Nelson au nord de l'île du sud. Une jolie ville de bord de mer qui semble bénéficier d'un tout aussi joli anticyclone.
Après une heure de route, me voici arrivé à St Arnaud, une station balnéaire au bord d'un magnifique lac en forme de Y, préambule à un séjour de trois jours dans le parc dit (paradis) des lacs de Nelson.

D'abord, une courte marche sous les arbres coincés entre la berge du lac et la montagne creusée de profonds sillons verticaux, ultimes témoignages d'anciens glaciers. Puis l'arrivée au refuge Lakehead, perdu à la lisière de l'ancien lit d'une rivière aujourd'hui réduite à la portion congrue. Enfin quelques pas pour rejoindre un autre refuge face au lac et c'est à ce moment précis que je me rends compte de la clarté cristalline de l'eau. Du ponton, je vois même passer une anguille indolente, dansant au rythme du clapotis.

Le lendemain, après une nuit accompagné de deux allemands et une française faisant la traversée de la Nouvelle-Zélande du nord au sud en marchant (cinq mois!), de deux chasseurs de cerf et d'un couple d'australiens ombrageux, je pars donc au point du jour nuageux en évoluant doucement dans les pentes d'une forêt dense et humide vers un cirque magnifique tailladé d'éboulis. Puis c'est l'arrivée, sous un soleil radieux sur un plateau creusé de deux lacs bleus. 

Déjà, le pic Angelus me fait de l'oeil. Je gobe un sandwich, bois quelques gorgées d'eau et file à l'assaut de ce géant (2 075 m, tout est relatif) en cherchant mon chemin parmi les sentiers furtifs et les cairns.
Quel ravissement! Un panorama cinémascope à 360° sur les environs immédiats et une ligne d'horizon en dents de scie…

Je reviens sur mes pas au soleil couchant après une chute qui me vaudra un joli bleu et quelques coutures en moins à mon pantalon et je me jette dans le lac malgré les 14° au jugé. 

Le jour suivant, un indescriptible bien-être m'envahit à la traversée d'une crête longue de 15 km qui me conduira, en équilibre entre deux vallées et au-dessus des nuages au terme de ce voyage si simple mais si beau.

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