...non. C'est a travers de larges rues et au son des chansons espiegles de Georges Brassens que je decouvre Melbourne ou Belbourde comme disent les enrhumes.
Je viens du vieux monde, celui dont le creuset est la mer Mediterranee. J'ai parcouru le nouveau, celui des andes et des indiens. Mais la, il s'agit d'un autre monde. Souvent, lorsque j'imaginais l'Australie et ses habitants perdus et comme ejectes au bord de la planete, je m'inquietais de savoir ce que pouvait bien faire de leurs journees ces pauvres descendants de bagnards. Et les aborignenes alors? Ils jouent tous du Didjeridoo en faisant des feux au fond du desert?
Enfin, une enfilade de cliches digne d'une soiree diapo chez des amis fraichement debarques des "Steitess" et qui meurent d'envie de nous raconter leur incroyable voyage a "Nouyorqueu" et "Eleye".
Mais les Australiens n'ont vraiment pas besoin que je m'inquiete car il se passe des choses interessantes ici et depuis pas mal de temps deja. Eux aussi exorcisent les vieux demons du colonialisme en essayant un "vivre ensemble" tres difficile; eux aussi courent dans les rues des villes en se tenant le coeur (ou peut etre pour eviter que le telephone choit) et eux aussi ont une creativite artistique assez impressionnante mais dispensent des conferences ennuyeuses. En somme, tout l'attirail de la modernite d'avant et d'arriere-garde.
Le second jour, sur le chemin de la bibliotheque, je croise une porte donnant surement sur un amphitheatre puisque je vois de jeunes gens y entrer regulierement. Je m'arrete, reflechit quelques secondes puis m'engouffre a mon tour. Deux cours m'ont ete dispenses!
Le marche ou comment le premier reseau social a grande echelle a fonctionne bien avant internet. C'est assez pertinent ce qu'explique la prof: la multitude des interactions entre consommateurs, producteurs et distributeurs, sans l'aide d'un superviseur, se font s'adapter les prix, les services et les comportements d'achat (elle precisait toujours qu'elle parlait en theorie, antipant en cela des reactions indignees de communistes acharnes et sanguinaires). Puis un joli cours sur le realisme artistique a l'epoque ou Paris etait la capitale mondiale de la culture: la seconde moitie du 19e siecle. La prof a evoque Daumier, Beaudelaire, Degas, Courbet, Haussman etc.
Au rayon des reves realises, je peux me targuer d'avoir visite la Tasmanie. Je
vois dans vos yeux etinceler la question: et le diable alors? Eh bien il est
beaucoup moins drole qu'en dessin anime. D'une part car on n'en voit pas a
l'etat sauvage. D'autre part, les wallabies, les wombat et les platypus
sont tellement plus impressionnants!
Encore un
cliche qui flanche: moi qui voyait cette ile comme un confetti a
parcourir rapidos, Wikipedia nous apprend que la Tasmanie est grande
comme le Portugal. Tout de meme...Le voyage est l'ecole de la
frustration.
Mais cette fois-ci, le bus scolaire (un joli van dont le toit monte haut dans le ciel pour pouvoir cuisiner des nouilles debout) qui me servit de grand vehicule pour la decouverte de cette ile magnifique abritait une camarade avec qui j'ai eu le bonheur de partager deux semaines de douces peregrinations. Il n'y a pas plus belle maniere de moissonner des souvenirs qu'en compagnie de l'etre aime. Enfin si, il y a plus beau: que cela dure plus longtemps. Bon j'arrete la mes recits amour-gloire-et-beautesques pour reprendre le cours d'un recit solitaire, gardant pour moi ces souvenirs que je raconterai peut etre a mes petits-enfants si l'effondrement de notre espece n'a pas eu lieu d'ici la...
Et je dois avouer d'ailleurs que j'ai mille joies a parcourir le monde seul, en compagnie de moi-meme. J'ai choisi ce depart avec apprehension mais il se revele un enrichissement. Certains jours, la lourdeur et la lassitude sont la, notamment si j'ai l'occasion de partager un lieu de vie avec des "backpackers", une sorte de homo degueulassum dont j'aurai j'espere l'occasion de reparler a l'occasion d'une future chronique.
PS: je suis sincerement desole pour les accents mais mon clavier au sein de la bibliotheque en est depourvu.
