Après m’être déplacé pendant
onze mois, dormi dans 102 lieux et 9 pays différents,
Après que mon quotidien ait
été tissé de bus, de taxis et de trains,
Après avoir fait l’expérience de saisir mon
sac chaque matin, synonyme de départ définitif sans retour,
Après avoir quitté chaque jour
mon lit et mes colocataires encore endormis, souriant aux ronflements de Guus,
ce grand dadet hollandais, spécialiste de la prise de vue des condors
d’Equateur mais lamentablement vulnérable aux cocktails multicolores,
Après avoir déambulé donc et
ressenti le mouvement intensément jusqu’a l’ivresse, je me suis écroulé
soudainement, à quelques pas de la plage.
Arrivé-là à l’arrière d’un
Tuk-tuk que les tanzaniens appellent Bajaji, j’ai posé mes yeux et les valises
au camping Mikadi qui allait être le théâtre d’une réclusion volontaire d’un
mois entier.
J’ai pu observer la marée qui
parfois, découvrait les fonds rocheux pleins d’oursins, tantôt baignait les
couples complices et flirtant.
J’ai assisté chaque matin,
très discrètement, à la courbe du soleil pâle qui venait poindre du fond de
l'horizon dans une indifférence générale. mais cet événement était loué par des
milliers d'oiseaux, quittant leurs îles pour voler au ras de la surface de
l'océan comme de fins bateaux rapides glissant sur l'eau. Chaque matin.
Chaque matin, devant cette
beauté, je pensais à toi et à notre amour qui est né un jour aussi, comme ça,
discrètement dans une explosion de vie qui sait qu'elle renaît.
Chaque après-midi, j’étais
encore face à ce soleil à cet instant où il devient plus chaud et plus affirmé.
Un bel enfant prometteur.
Chaque soir, le muezzin
m’appelait. Chaque soir les oiseaux rentraient en leurs îles, satisfaits de
leur journée.
Chaque soir, je me préparais à quitter mon éveil et abandonner mon corps au matelas de sable. Chaque nuit avait déjà le goût du matin sans soleil. Un paradis aveugle où les senteurs remplacent les yeux inutiles.
Chaque soir, je me préparais à quitter mon éveil et abandonner mon corps au matelas de sable. Chaque nuit avait déjà le goût du matin sans soleil. Un paradis aveugle où les senteurs remplacent les yeux inutiles.
Des étoiles, des vagues
terriblement monotones, de l’écume des rêves et du sommeil enfin.
Cette retraite a eu un goût
d’éternité.
La vue depuis ma chambre - Août 2014 |
Ma chambre pendant le mois d'août 2014 |