samedi 2 novembre 2013

Considérations philosophiques d'un veilleur de nuit

Randy a 40 ans mais en paraît 10 de plus. Il est râblé et trappu et son visage est rond. Il est toujours trés élégant et souriant car son air bonhomme donne confiance.

Randy est comptable dans un cabinet d'avocats le jour et veilleur de nuit la nuit. Et parfois philosophe. Nous avons discuté ma première nuit au Costa Rica grâce aux affres du décalage horaires des griffes duquel je ne suis toujours pas libéré par ailleurs.

Il m'a posé quelques questions banales que tout autochtone pose à un voyageur qui semble un tantinet affable:


- tu viens d'où?

- France
- c'est la première fois au Costa Rica
- euh oui oui...

et là, patatra, la question fuse comme éjectée grâce à un ressort resté trop longtemps comprimé:


- que penses-tu de Napoléon?

- houlà...je ne sais pas, ce fut certes un grand homme car il a inscrit la France dans la modernité mais on peut dire qu'il a conduit des légions de soldats admiratifs à la boucherie non? (je tiens à préciser que mon niveau d'espagnol n'est pas aussi performant que cette traduction pourrait le laisser penser mais j'ai réussi à exprimer l'essentiel en m'aidant des mains et de mon visage trés expressif lorsqu'il s'agit d'espagnol)
- oui, c'est vrai mais nous avons ici une image de lui trés forte.

Randy me confie ensuite qu'il a un faible pour l'histoire de France et spécifiquement celle des rois et des reines à commencer par Marie-Antoinette dont il lit actuellement la biographie par Stefan Zweig, offerte par une collègue de bureau.


Il étudie par ailleurs la philosophie de Kant qu'il avoue être un sacré sujet, difficile et ardu.


Nous en sommes là de nos pérégrinations verbales lorsque deux jeunes femmes américaines qui avaient quitté l'auberge un peu avant, chargées de planches de surf, de multiples sacs à dos ou à bras refont irruption en pestant contre la personne qui aurait semble-t-il dérobé un des sacs à l'arrêt de bus. Un peu interloqué, Randy me dit qu'il ne comprend pas que l'on puisse voyager si lourdement. Des planches se louent partout dans le pays et porter plusieurs sacs est suicidaire si on veut ne rien perdre en chemin. Son avis est pertinent bien qu'il n'ait jamais voyagé.


Je vérifie machinalement que j'ai toujours mon passeport contre moi et je prends congé de mon hôte car je dois filer au musée d'art contemporain. C'est une tradition lorsque j'arrive dans la capitale d'un pays: je visite toujours la cathédrale (ou le lieu de culte principal), le musée d'art contemporain et le zoo.


Considérant la situation du Costa Rica, j'ai pensé faire un affront à sa faune si j'osais me rendre au zoo. J'ai fait l'impasse.


Au Musée, j'ai découvert cette oeuvre intitulée "leçon de vol".

A méditer.
Leçon de vol - Musée d'art contemporain, San José - Costa Rica

Ainsi que le fameux dispositif utilisé par les chauffeurs de bus d'amérique centrale pour gérer leur monnaie.

Porte-monnaie-bus, Musée d'art contemporain, San José - Costa Rica

Une fois mon devoir accompli, j'ai décidé de trés vite quitter San José qui n'en reste pas moins une capitale: bruyante, très polluée et finalement pas trés intéressante.


La vérité est ailleurs.
Cascade de l'espoir - Réserve "El silencio", Bajos del Toro - Costa Rica



4 commentaires:

Unknown a dit…

Bonjour Dalilou, il est bien loin ce départ chaotique face à des consonances telle que Alajuela ou Bajos del Toro...

Unknown a dit…

Clin d'œil : on a regardé Man of Steel hier soir (le denier superman)!!!

Selva a dit…

Ah bah voilà la forêt qui me plait! Maison! Magnifique!
Que l'espoir en cascade se déverse sur ton chemin, ami! ;-)
Merci de tous ces partages. Comme il est plaisant de sourire à la pertinence des réflexions que la vie t'inspire!
Belle route et riches rencontres. On te suit de tout coeur!

Enfant de la lune a dit…

ah l art contemporain à san jose !!!! je note ... s économiser le ticket d entrée :-)
bizzz
christine