vendredi 6 décembre 2013

Frissons des profondeurs en eaux tropicales

Il flotte littéralement. Les bras croisés et les jambes de même au niveau des chevilles, prolongées de deux longues palmes jaunes, il semble léviter dans un bleu infini, montant et descendant imperceptiblement au rythme d'une légère respiration. De fines bulles d'échappent verticalement de son détendeur: étrange volcan inoffensif. 
Le plongeur que j'observe est d'un calme absolu, à l'image de ce qui l'entoure: sérénité et douceur. 

Nous sommes au palier des 5 m de retour de notre ballade à plus de 27 m de profondeur, et je percois autour de moi cette torpeur. Je ne peux apercevoir le fond et la surface de l'eau est telle un voile de clarté recouvrant ce monde inconnu dans lequel j'ai le bonheur d'évoluer depuis bientôt 43 petites minutes. Je crois entendre des sons sourds et tres graves couverts à intervalles réguliers par le truchement de ma respiration lente et tempérée que j'ai appris à canaliser, calmer et faire durer pour que le cycle d'une inspiration/expiration dure entre 5 et 6 secondes. Mais sans y penser. A moins que ces bruits divers soient issus de mon propre corps, subissant l'effet de la pression qui diminue.

Tantôt, quand nous fûmes prêts à plonger dans cette eau vert-bleu, le courant était si fort que nous devions nous cramponner solidement à la bouée signalant le site de plongée. Nous étions ballotés par des quantités inimaginables d'eau qui grâce à la lune, font naître les mouvements de marée à l'echelle des océans...

Le détendeur en bouche, la bouteille couleur argent sur le dos et immergés, nous quittons le monde du réel et du concret pour pénétrer dans celui du rêve et du silence. Nos mouvements si doux sont en harmonie avec les hôtes de ces fonds marins, placides et nageant avec souplesse. Ils nous tolérent tels des touristes que nous sommes, chargés de nos paquets, ces ridicules appendices qui nous permettent de rester humains sur une autre planète.

Les hôtes justement, parlons-en. Nous avons salué des raies aigle à la nage rectiligne et élégante, des tortues marines aux mouvements si amples et doux, des requins dont un (nourrice) posé sur le fond en pleine méditation, des antennaires ou poissons grenouilles orange ou jaune, imperturbables sur leurs rochers respectifs, des barracudas nageant par groupes, des muraignes vertes, gueule ouverte attendant leurs repas, et bien d'autres poissons aux couleurs extraordinaires.

Le décor de ce film qui a duré 3 jours était l'île de Coiba au sud-ouest du Panamà, entourée d'un parc marin protégé de 50 000 ha. Quel souvenir grandiose!



Parc Isla Coiba - 05/12/2013
Photo par M. Valos


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