vendredi 31 janvier 2014

0' 0" 00.00. Ni nord ni sud, bien au contraire...

L'équateur est la ligne matérialisant la frontière entre hémisphères nord et sud. Tout le monde sait ça. Théoriquement, cette idée est assez simple et jolie, elle est un écho aux pôles nord et sud et permet d'imaginer la terre comme étant une sphère à l'image de nos globes en plastique et rétro-éclairés, tournants sous les impulsions de nos doigts fébriles, mimant le véritable voyage de notre planète dans l'éther depuis 4,5 milliards d'années et pour beaucoup de temps encore...

Mais en pratique, trouver l'équateur n'est pas chose aisée car la terre n'est pas forcément cette sphère parfaite.

Au 18ème siècle, une expédition Française, emmenée par Charles Marie de la Condamine, scientifique reconnu, tente de cartographier la région de Quito à l'époque sous domination espagnole. Ils ont pour objectif de vérifier la théorie de Newton selon laquelle la terre serait enflée à l'équateur et aplatie aux pôles (effet de la calotte glaciaire). Les Français s'intéressent d'abord aux méridiens, ces grands cercles qui barrent la terre du nord au sud (comme celui de Greenwich). Mais ils en profitent aussi pour déterminer la position exacte de l'équateur, autre grand cercle, perpendiculaire au méridien. L'expédition a réussi, un monument a été érigé, matérialisant la position de l'équateur et constituant un hommage rendu aux Français.

Sauf que. Le GPS (petite parenthèse: le GPS, Global Positioning System est américain. Il est la référence connue de tous mais 3 systèmes concurrents existent: le "Galileo" européen, le "Glonass" russe et le "Beidou" chinois) est passé par là et les incertitudes entourant les calculs vieux de 250 ans ont été mises en valeur. Le véritable équateur, le seul, l'unique passerait donc 200 mètres plus au nord, dans un lieu aujourd'hui transformé en musée alternatif (Inti ñan), sorte de bric-à-brac d'expositions mêlant les indiens d'amazonie, des expériences pseudo-scientifiques et des stands d'artisanat où l'indigène tressant sa natte se met au travail uniquement si des yeux touristiques l'observent...

Sauf que. Mon appareil photo est équipé d'un localisateur GPS (certes de technologie grand public mais tout de même) et celui-ci me précise que l'équateur est situé 100 mètres plus au nord en plein milieu de la route qui relie Quito au village de San Francisco.

Véhicule en équilibre le long de la ligne de l'équateur - 30/01/2014
Alors que faire? Troublé, je suis rentré en ville en méditant sur la relativité des choses...

Demain, je quitte cette région du globe et par la même occasion l'Amérique du sud, contrée de tous les rêves, où j'ai parcouru des milliers de km en bus. En route vers une autre région mythique et sauvage: la Nouvelle-Zélande, les antipodes...aucun lieu sur terre n'est plus loin de la France que ce pays magique: 12 heures de décalage horaire!


samedi 25 janvier 2014

Spiderman existe, Je l'ai rencontré!

Pour admirer le volcan Tungurahua qui domine la ville de baños, il convient de traverser, au nord, un cours d'eau (qui a creusé un canyon profond de 50 m) sur le pont San Francisco et de suivre une route qui serpente en épingles à cheveux successives jusqu'à un promontoire, 800m plus haut. Les plus courageux prendront un taxi pour 10 dollars...

Avec un peu de chance, vous croiserez un paysan affable et au regard doux, Rojelio, accompagné de son petit chien nommé Volcàn, qui vous mèneront à travers champs pour trouver le meilleur point de vue: vous embrasserez d'un regard le volcan et la vallée, ainsi que Baños en contre-bas, le tout noyé d'un soleil ardent.




Ce volcan Tungurahua est un sacré farceur. Actif depuis longtemps, il peut montrer des signes de vigueur encore aujourd'hui en crachant des tonnes de poussière, de pierres et de lave rouge. Il y a 6 mois encore, une partie de la population a du être évacuée! Les habitants de Baños semblent sereins et vivent comme si la présence d'un ange gardien qui protège chacun ne faisait aucun doute.

Une fois rassasiés d'une vue si belle sur une montagne si douce et pourtant si dangereuse, vous redescendrez pour manger des truites cuisinées par l'épouse de Rojelio dans une maisonnette aux fenêtres faisant face au volcan. Vous vous dirigerez enfin vers le sentier muletier pour rejoindre la ville et le marché central car vous avez une idée en tête.

Après tous ces efforts, vous rêverez de vous désaltérer en dégustant un milk-shake (batido en espagnol) à la banane. Vous vous installerez au stand de cette sympathique commerçante qui vous a déjà cuisiné un plat typique hier: croquettes de pommes de terre, oeuf au plat, chorizo grillé et salade à la sauce aux oignons. Un plat équilibré.

Vous tournerez votre regard sur votre gauche et patatra, l'ange gardien évoqué plus haut est là! Il déguste une soupe tranquillement et discrètement installé dans un recoin du marché:





Photos de Spiderman par D. Daudey




Dernière minute: samedi 1er février 2014, le volcan Tungurahua est entré en activité sévère. Certains villages ont été évacués...

lundi 20 janvier 2014

5ème album


Volcan Cotopaxi (5 897 m) se dévoilant enfin - 19/01/2014


Laguna Tumiguina, trek du condor - 17/01/2014


Ligne de l'équateur, je suis dans l'hémisphère nord - 14/01/2014


Trek du condor, 1er jour - 17/01/2014


Trek du condor, 2ème jour - 18/01/2014


Chuquiragua, fleur de l'andiniste, Laguna Limpiopungo - 19/01/2014


Trek du condor, 1er jour - 17/01/2014


Musique en cage, Guayaquil - 08/01/2014


Jardin, rue Numa Pompilio Llona, Guayaquil - 08/01/2014


El Malecon, Guayaquil - 08/01/2014


Vue depuis le phare Santa Ana, Guayaquil - 08/01/2014


Façade du temple Inca, Ingapirca - 10/01/2014


Tête de l'Inca, Ingapirca - 10/01/2014


Gargouilles en forme de tortues, Basilique del Voto Nacional, Quito - 14/01/2014


Basilique del Voto Nacional, Quito - 14/01/2014


...                     Quito - 14/01/2014


Quito depuis le clocher de la basilique del Voto Nacional - 14/01/2014 


Spéciale dédicace pour Morgan: intérieur de la tour de l'horloge de la mairie de Hill Valley dans Retour vers le Futur


Iguane du parc Simon Bolivar, Guayaquil - 08/01/2014


Gardien du palais du gouvernement, Quito - 14/01/2014


mardi 14 janvier 2014

Bienvenue à bord

Je joue à un jeu très drôle en ce moment dans les rues équatoriennes.
Le but est de réussir à boire un expresso.

Les règles sont les suivantes:

1- je dois identifier une machine à expresso avant d'entrer dans l'établissement,

2- si l'identification est impossible, je dois demander si on sert des expresso (dit-on des expressi?),
3- le breuvage servi ne doit pas être d'emblée sucré,
4- en cas de présence d'un café filtre et malgré l'observation des 3 premières règles, je dois le boire jusqu'au bout. Y compris s'il est sucré. Surtout s'il est sucré... pour la beauté du geste,
5- Attention, règle primordiale: je dois éviter absolument les établissements de luxe et les grands hôtels.

Malheureusement, je perds souvent. Comme au terminal de bus de Cuenca ou pressé par le temps, je suis passé directement à la règle 4 en composant une jolie grimace.
J'ai arrêté de sucrer mon café, mon yaourt nature, mon thé et ma tisane il y a déjà quelques années et j'avoue que déguster aujourd'hui un café sucré est une épreuve que j'assimile à l'ingestion du cinquième makrout au miel.

La règle numéro 2 est complexe car elle implique que la personne qui travaille dans le café participe au jeu sans le savoir. Mais là, 2 situations sont possibles:

- la personne confond un expresso et un café-filtre (oui, je sais, c'est grave)
- la personne joue à un autre jeu: "j'arnaque le touriste". Et parfois avec un certain succès.

Hier apres-midi à Quito, en pleine partie, j'ai soudain identifié une machine. Excellent.
Afin de sécuriser l'issue du jeu, je m'approche et interroge la dame en insistant:
- "s'il vous plaît, vous servez des expresso n'est-ce-pas? Avec la machine là... sans sucre, sans lait, sans rien?"
- "Oui monsieur. Très bien, très bien, prenez une chaise"

Je me dirige donc vers une table en terrasse mais le garçon de café m'arrête, inquiet:
- "monsieur, vous êtes sûr que vous ne voulez pas un café américain?

Le piège était certes évident mais il faut être vigilant jusqu'au bout:
- "non, non, non, je veux un expresso, sans eau, sans lait, sans sucre"

Installé en terrasse, une jeune fille me sert enfin mon petit café serré que j'attends tout de même depuis quelques jours. Et en posant la délicate soucoupe soutenant la tasse couleur ivoire, elle me demande:
- "monsieur, vous êtes sûr que vous ne voulez pas de sucre?"
Et moi, déjà triomphant et fier de porter à mes lèvres cet amer nectar, je réponds avec panache:
- "non merci!"

On est tous le héros d'un autre...

L'histoire des mes cafés et thés servis en Amérique du sud est une liste étrange d'anecdotes saugrenues dont voici un extrait qui me revient en tête:

En décembre 2009, il est tôt et nous parcourons avec mes acolytes, en courant, le terminal de bus de la ville d'Arequipa au Pérou à la recherche d'un thé brûlant. 
Nos affaires sont déjà dans le bus à destination de Cabanaconde et celui-ci part dans 5 minutes. Une fois les verres isothermes remplis, couverts et en main, nous volons vers notre bus en faisant attention de ne rien renverser. 

Nous voilà donc en train de monter dans le bus, sereins et impatients de se réchauffer à la douceur de notre boisson. Mais les autres voyageurs nous regardent en souriant à mesure que nous arpentons le couloir à destination de nos places respectives. Soudain affables, les sourires de nos compères de voyage nous interloquent sans toutefois nous inquiéter.

Nous avons compris lorsque le bus a démarré et que les cahots si forts dus à une route truffée de nids d'autruche ont entraîné nos boissons hors de leurs verres vers le sol ou sur mon front...

Toute une vie trépidante anime les bus d'Amérique du sud. 
D'abord, les montées et descentes incessantes des voyageurs, encouragés par les cris du contrôleur, qui font qu'un "grandes lignes" peut se transformer en omnibus pendant 10 longues heures. 

Ensuite, les vendeurs ambulants. Tout à leur excitation, ils font parfois irruption si fort qu'ils réveillent la plupart des voyageurs. Ils vendent des chips de maïs, des cacahuètes, des glaces multicolores, de l'Inca-cola...

Fort heureusement, on a affaire aussi à des vendeurs d'un autre type. Ceux-ci, d'une voix grave et posée, ont un discours bien rodé et très pertinent digne parfois d'un promoteur de santé publique. Il s'agit de vendre des pilules pour le foie, des gouttes pour les yeux, des livres de recettes pour manger équilibré.

Mais le pire de tout et de loin, c'est le doux bruit strident des hauts parleurs qui diffusent une musique médiocre de boite de nuit pendant tout le trajet de chaque bus sur chaque route d'Amérique du sud. 
Ont-ils si peur du silence?

jeudi 9 janvier 2014

En route pour Quito

Après Toulouse (9° C.), Amsterdam (8° C.) et Panama-City (32° C.), voici Guayaquil (30 °C.) où j'arrive mardi 7 janvier à 13h30 à bord d'un Embraer 190, un bi-moteurs brésilien!

En parcourant l'Amérique du sud depuis quelques années, je constate l'immense force industrielle du Brésil qui exporte de tout y compris des cars, des bus, des avions, des camions. L'étiquette "émergent" du Brésil est plutôt dépassé à mon avis...

Guayaquil est le poumon économique (attention: oxymore) de l'Equateur. Cette ville est traversée par le fleuve Guayas qui se jette dans l'océan Pacifique à quelques kilomètres de là. 
J'ai d'ailleurs assisté à un phénomène étrange: mardi le courant était orienté nord - sud (en direction de l'océan: normal) mais le lendemain, il avait changé de sens et les eaux semblaient remonter vers le nord. La largeur du fleuve au passage à Guayaquil est de 6 km! Et une île (Satay) se trouve en plein milieu. Ca ne m'étonnerait pas que les eaux tourbillonnent autour, ce qui expliquerait les variations de courants. 

Le centre-ville est organisé en damier autour de l'avenue "9 octobre" (qui est la date d'indépendance de Guayaquil) et le Malecon, le quai qui longe le fleuve. Au nord et au bout du Malecon, se dresse le phare au bout des 444 marches qui traversent le quartier de "las Penas" sur la colline Santa Ana. Un peu bohème, ce quartier abrite de jolies maisons aux couleurs vives. Une joie communicative anime les rues où les enfants jouent à des jeux imaginaires sous la férule des mamans, discrètes mais présentes.



Au pied de la colline, se trouve le musée d'art contemporain, ma rando urbaine préférée.
Et effectivement, après deux heures, je ressors du bâtiment avec la sensation d'avoir voyagé très loin dans l'imaginaire collectif. Je retiens ce très beau tableau (déjà vu) de Catalina Carrasco ainsi qu'un dessin extraordinaire (Juanita) de Oswaldo Viteri que je n'ai malheureusement pas pu reproduire ici.




Foin de Guayaquil, emmenez-moi à la montagne! 
Et voilà Cuenca (20° C.) , 2 500 m d'altitude et 470 000 habitants! Cette ville coloniale classée au patrimoine mondial de l'Unesco me tend les bras. J'y vais! Je vous raconte.

lundi 6 janvier 2014

Des slaves et des schtroumpfs

Et voilà!
Les bonnes choses ayant une fin, la petite pause est à présent terminée et je reprends donc le cours de mon voyage comme d'autres celui du boulot: un peu las. Pourtant, ces vacances de vacances ont été un moment merveilleux, bercées par le chatoyant son du grelot du père noël, celui du papier cadeau froissé et peuplés d'êtres aimés... 

Mais il est temps de lever l'ancre et d'appareiller vers de lointains horizons car il faut bien dire qu'on en a tous notre claque de ce gros bedonnant qui prétend parcourir la terre entière en une nuit et de ses rennes enrhumés. Et puis j'échappe aussi à cette si douce tradition du "bonne année" dont la date limite de consommation est le 31/01, ne l'oubliez pas.

C'est à Amsterdam (Aéroport Schiphol) que mon voyage reprend officiellement et d'où j'écris ces quelques mots en profitant du wifi malingre dont une centaine de personnes sucent jusqu'au moindre octet de débit. 
A chaque arrivée dans un aéroport, la surprise et l'excitation sont toujours les mêmes. On croise:

- des milliers de bagages cubiques, brillants, volumineux qui roulent derrière des hommes et des femmes pressés,
- des slaves qui s'interpellent à des dizaines de mètres de distance,
- des magasins de duty free où les prix sont intéressants uniquement pour ceux qui ne les regardent pas,
- des slaves dans des magasins de duty free qui trouvent les prix très intéressants et qui se le disent,
- des hôtesses de l'air (les schtroumpfettes de l'aéroport) hautes comme des arbres, aux épaules solides, tout de bleu vêtues,
- des personnes en chaussettes, allongées sur des sièges de cuir gris plongées dans un profond sommeil malgré les annonces en hollandais,
- des ordinateurs et des tablettes (je précise pour certains: la tablette est le terme générique pour l'ipad) en pleine conversation avec leur propriétaires,
- des agents de sécurité hauts comme des arbres, aux épaules solides, tout de noir vêtus,
- de jeunes gens à la mode, des vieux aux tenues ternes et vice-versa,

Mais le plus intéressant est sans doute la multitude d'annonces en hollandais. Le hollandais (dutch) est une langue bizarre qui se parle avec la bouche en cul-de-poule: on croit d'abord à de l'anglais, puis de l'arabe ou du turc voire de l'hébreu puis tout se mélange en une sorte bruit de machine à café en pleine action!

Au programme pour les prochains jours: arriver à Panama City et reprendre un avion demain pour Guayaquil en Equateur. Je vais enfin pouvoir fouler le sol où passe cette ligne mythique qui coupe la terre en deux en attendant mon pote Didier qui me rejoint à Quito le 13 janvier. Vivement!

Je déclare la deuxième partie du voyage officiellement ouverte!
Proost en veel geluk voor degenen die werken.

"Partir, c'est crever un pneu" - Alain Prost


NB: je présente de plates excuses à tous les lecteurs qui ont tenté en vain de laisser des commentaires sur le blog. J'ai à présent ouvert la possibilité de laisser un commentaire sans avoir à s'inscrire sur google. N'hésitez plus si l'envie vous démange.